YAOUNDÉ, Cameroun (BG) — À l’approche des élections présidentielles prévues en 2025 au Cameroun, l’Église catholique s’est à nouveau exprimée sur les questions d’alternance politique, suscitant débats et réactions.
Des prélats influents, dont Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, et Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo, évêque de Yagoua, ont critiqué la gouvernance actuelle et appelé à une transition politique démocratique.
Lors de sa messe de nouvel an, Mgr Yaouda Hourgo a vivement dénoncé la gestion des crises dans le pays, notamment les conflits dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest, ainsi que les instabilités causées par Boko Haram dans l’extrême nord.
« Trop c’est trop… Les gens en ont marre », a-t-il déclaré, ajoutant qu’une candidature supplémentaire du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, serait une décision incompréhensible.
De son côté, Mgr Kleda a déclaré sur RFI le 25 décembre 2024 qu’« une nouvelle candidature du président en 2025 n’est pas réaliste ». Il a appelé à une élection démocratique, où « celui qui gagne de manière juste doit gouverner ». Selon lui, il est essentiel que le pays se prépare pour éviter toute surprise lors des prochaines élections.
Entre-temps, le 31 décembre 2024, le président Paul Biya a remercié les Camerounais pour leur soutien continu dans son discours traditionnel. Il a également réaffirmé sa détermination à diriger le pays face à ses nombreux défis. « Votre confiance m’honore et me sert de boussole dans l’action que je mène à la tête de notre cher et beau pays », a-t-il déclaré, ajoutant que sa « détermination à [les] servir demeure intacte ».
Cette déclaration, interprétée par certains comme une indication de sa possible candidature à un nouveau mandat, a alimenté le débat sur la transition politique au Cameroun.
Le gouvernement a réagi avec indignation.
Les propos de l’Église catholique ont suscité des critiques de la part des autorités. Grégoire Owona, ministre du Travail et cadre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir depuis 42 ans, a accusé certains évêques, dans une publication sur Facebook, d’outrepasser leurs fonctions spirituelles
«Nous devons tous après ce discours retourner aux sources. Ne soyons pas violents envers les évêques, même quand ils font l’apologie du diable », a-t-il écrit, tout en appelant à la sérénité dans les débats politiques.
Les élections présidentielles de 2025 se dérouleront dans un contexte marqué par des défis organisationnels. La date officielle n’a pas encore été confirmée par le gouvernement ou la commission électorale, et de nombreux Camerounais peinent à s’inscrire sur les listes électorales, notamment en raison de l’absence de cartes d’identité.
Dans son discours, le président Biya a reconnu ces difficultés et promis des mesures pour y remédier. « J’ai ordonné les mesures nécessaires pour faire face à cette situation », a-t-il affirmé.
Une tradition de prise de position de l’Église
L’Église catholique est depuis longtemps impliquée dans la politique au Cameroun. Historiquement, des personnalités comme feu ardinal Christian Tumi ont pris des positions fortes sur les questions de gouvernance et de démocratie.
Ces actions soulignent la position de l’Église en tant qu’autorité morale dans une société en quête de justice et de stabilité.
Alors que le pays se prépare à une élection considérée par beaucoup comme un moment critique pour la démocratie du pays, l’Église catholique participe activement aux discussions sur l’avenir politique de la nation, au grand dam de certains membres du gouvernement.